Le hameau de La Tzintre, situé sur le territoire de la commune de Val-de-Charmey, est connu en premier lieu pour ses caves à fromage. Du XVIe au XVIIIe siècle, le commerce du fromage représentait la principale source de revenu pour la région de Charmey. Durant la saison d’été, les armaillis des alpages alentours amènent les fromages d’alpage dans les caves de La Tzintre. C’est donc tout naturellement que d’autres activités se sont développées dans ce hameau : la boulangerie-épicerie Villermaulaz, l’Auberge des XIX Cantons chez Philibert et la forge des maréchaux-ferrants Canisius et Athanase Roos.
Ce centre d’activité permettait aux armaillis et teneurs de montagnes de la vallée, de livrer les fromages à la cave, d’effectuer les emplettes, de ferrer chevaux et mulets sans oublier de passer un moment de convivialité à l’Auberge des XIX Cantons avant de regagner l’alpage. Aujourd’hui subsistent encore les anciennes caves à fromage et la forge. Les nouvelles caves à fromage construites en 2012 sont le signe d’une demande toujours d’actualité pour les gruyères et vacherins d’alpage.
Forgerons de père en fils
1870 | Création de la forge de La Tzintre. |
1906 | Le 13 janvier, Louis Jolliet, maréchal ferrant, annonce son installation par une parution dans La Gruyère. |
1917 | La forge ferme pour deux ans. |
1919 | Invité par Calybite Overney, Canisius Roos quitte Bellegarde et la forge de son frère, pour relancer les activités de celle de Charmey, le 1er mai. La construction du barrage de Montsalvens offre de larges débouchés. |
1923 | Le bâtiment de la forge est racheté à Louis Niquille. |
1953 | Reprise des activités par le fils de Canisius, Athanase Roos, dit Thanase. |
1955 | Le travail de forge diminuant, Athanase Roos devient aussi réparateur et vendeur de vélos et cyclomoteurs, avec la représentation des marques Allegro et NSU. |
1998 | Athanase Roos cesse ses activités. Son fils Frédy Roos conserve, en l’état, la forge. |
2015 | Fondation de l'Association de la Vieille Forge de Charmey. |
2016 | La Forge ouvre ses portes pour des visites par groupe, sur inscription. |

De gauche à droite, Athanase Roos, son père Canisius Roos et Samuel Glauser leur ouvrier
La Forge de la Tzintre, aujourd'hui
Grâce à Frédy Roos, héritier des derniers maréchaux-ferrants, la forge a gardé son caractère d’atelier artisanal tel qu’il était dans les années 1919-1930.
Le foyer de forge, l’enclume, les marteaux, les outils représentatifs de l’époque sont des témoins d’un riche passé d’artisans qui ont oeuvré sans relâche au service du monde agricole.
Les machines telles que la perceuse à colonne, la fileteuse, la scie mécanique, la meule émerie et le marteau-pilon sont entrainées par un seul moteur et des courroies de cuir reliées à un arbre de transmission.
Tous ces équipements nécessaires à l’ensemble de l’activité qui se déroulait dans ces murs noircis par la suie du charbon et la fumée dégagée lors des ferrages des chevaux sont prêts à fonctionner comme si le forgeron avait quitté cette forge la veille.
Cette ancienne forge est la seule dans la région qui dispose encore de l’ensemble des outils et machines en ordre de marche. C’est un témoin d’un passé lié au développement rural du Val-de-Charmey. L’ensemble des cahiers et livres de comptes qui permettent de découvrir les activités qui se sont déroulées depuis 1919 à nos jours, ainsi que plusieurs photos de l’époque ont été gardés. Il serait dès lors judicieux de conserver, d’entrenir et de faire vivre ce patrimoine.